Le livre d'Absalon
Patrick Boman
Même quand ils débarquent du Baloutchistan et ont joui à loisir de l’inestimable compagnie des hyènes — délicieuses créatures dont le rire évoque celui d’un fou échappé d’un asile et qui battrait la campagne armé d’une hache —, les dromadaires éprouvent une sympathie somme toute limitée envers les dingos et, comme beaucoup de mammifères, ils détestent l’odeur de la mort. Qui les en blâmerait ? Le mien, une femelle de trois ans, rechigna quand il lui fallut dégringoler le talus et que je dus lui bourrer les côtes à coups de botte. Il me semblait que même à travers mon chapeau de cuir le soleil, ce soleil qui tourbillonnait dans un ciel d’émail coruscant, me matraquait la calebasse.
Tout de suite j’aperçus l’homme que je poursuivais depuis quinze jours. Il était couché sur le ventre, non loin d’un immense eucalyptus tordu, dans la boue rouge des rives de Frenchman’s Creek, cette rivière du diable qui coule un mois par an — c’était justement son mois, elle déchaînait ses eaux jaune en tourbillons furieux, et quiconque eût tenté de la traverser ne serait pas revenu pour le raconter.
« Mort ou vif », tu parles, il n’y avait pas plus mort, je sentais d’ici sa puanteur qui m’encrassait la gorge. Et, ,sans manifester la moindre crainte à mon approche, cinq ou six dingos étaient en train de nettoyer proprement sa carcasse noire de mouches, l’échine basse et l’œil jaune insolent, patients et vils comme des usuriers.
...
Même quand ils débarquent du Baloutchistan et ont joui à loisir de l’inestimable compagnie des hyènes — délicieuses créatures dont le rire évoque celui d’un fou échappé d’un asile et qui battrait la campagne armé d’une hache —, les dromadaires éprouvent une sympathie somme toute limitée envers les dingos et, comme beaucoup de mammifères, ils détestent l’odeur de la mort. Qui les en blâmerait ? Le mien, une femelle de trois ans, rechigna quand il lui fallut dégringoler le talus et que je dus lui bourrer les côtes à coups de botte. Il me semblait que même à travers mon chapeau de cuir le soleil, ce soleil qui tourbillonnait dans un ciel d’émail coruscant, me matraquait la calebasse.
Tout de suite j’aperçus l’homme que je poursuivais depuis quinze jours. Il était couché sur le ventre, non loin d’un immense eucalyptus tordu, dans la boue rouge des rives de Frenchman’s Creek, cette rivière du diable qui coule un mois par an — c’était justement son mois, elle déchaînait ses eaux jaune en tourbillons furieux, et quiconque eût tenté de la traverser ne serait pas revenu pour le raconter.
« Mort ou vif », tu parles, il n’y avait pas plus mort, je sentais d’ici sa puanteur qui m’encrassait la gorge. Et, ,sans manifester la moindre crainte à mon approche, cinq ou six dingos étaient en train de nettoyer proprement sa carcasse noire de mouches, l’échine basse et l’œil jaune insolent, patients et vils comme des usuriers.
...
0 Comments:
Enregistrer un commentaire
<< Home